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Mise à jour en mai 2015

Présentation du CDI

 

 

Venue de Jean-Michel Delacomptée

le 11 mai 2015

 

Présentation de l'invité

"Après des études de lettres classiques, vous avez enseigné la littérature à l'Université et parcouru le monde en tant que diplomate culturel.
Ecrivain, vous avez dressé  le portrait de figures littéraires et historiques :
pour les gens de lettres : St Simon, Bossuet, Montaigne, La Boétie, Racine ...
pour les personnages historiques : Henriette d'Angleterre, François II, Ambroise Paré.

La plupart de vos livres sont parus dans la collection de Gallimard « L'un et l'autre » dirigée par le psychanalyste  JB Pontalis. Collection définie comme «  un dialogue, un jeu de va-et-vient constituant une connivence entre l'auteur et son objet, le propre de l'un se nourrissant de la fiction et de la quête de l'autre. Méditation sur les personnes, les textes ou tout autre monument de la mémoire (au sens de ce qui conserve ou exalte le souvenir d'une personne), rêveries biographiques, fragments d'érudition, esquisses de trames romanesques… ». Collection à laquelle ont participé des auteurs comme Pierre Michon, Pierre Pachet, Sylvie Germain, Christian Bobin... et qui a pris fin en 2014 ,  à la suite du décès de J.B  Pontalis, par la parution de votre dernier livre « Ecrire pour quelqu'un », un très bel hommage rendu à votre père , votre mère et à votre éditeur JB Pontalis
D'autres de vos livres ont été publiés chez des éditeurs différents, comme le court et remarquable « petit éloge des amoureux du silence »  paru chez Folio en 2011 et le commentaire que vous avez fait de la lettre écrite par Montaigne à son père sur la mort de la Boétie aux éditions « le promeneur » en 2012 (que m'avait chaudement recommandé notre collègue Robert Churlaud).
Aujourd'hui vous allez nous parler de la naissance du roman moderne au 17e siècle à travers "La princesse de Clèves", œuvre à laquelle vous avez consacré deux livres « La mère et le courtisan en  1990 et "Passions" paru en 2012 et réédité en 2014 en  format poche" (Agnès Lion)

Bibiliographie (Wikipédia)

  • Ecrire pour quelqu'un, Gallimard, "L'un et l'autre", 2014.
  • Passions, la Princesse de Clèves, Arléa, 2012.
  • La Grandeur Saint-Simon, Gallimard, « L’un et l’autre », 2011 (prix Louis Barthou de l’Académie française 2012, Prix Historia de la Biographie Historique 2012, prix Charles Oulmont de la Fondation de France[3]).
  • Petit éloge des amoureux du silence, Gallimard, « Petits éloges », 2011.
  • Langue morte, Bossuet, Gallimard, « L’un et l’autre », 2009.
  • Ambroise Paré, la main savante, Gallimard, « L’un et l’autre », 2007.
  • La Vie de bureau, Roman, Calmann-Lévy, 2006.
  • Jalousies, Roman, Calmann-Lévy, 2004.
  • Je ne serai peintre que pour elle, Gallimard, « L’un et l’autre », 2003.
  • Le Roi miniature, Gallimard, « L’un et l’autre », 2000.
  • Racine en majesté, Flammarion, 1999.
  • Et qu'un seul soit l'ami, Gallimard, « L’un et l’autre », 1995.
  • Madame la cour la mort, Gallimard, « L’un et l’autre », 1992.
  • Éloge du Présent, poèmes, éditions Pierre-Émile, 1979.
Préfaces et commentaires
  • Préface et commentaire de Montaigne, Lettre à son père sur la mort d’Etienne de La Boétie, Gallimard, « Le Promeneur », 2012.
  • Édition et présentation de Ambroise Paré, Discours de la momie et de la Licorne, Gallimard, « Le Promeneur », 2011.
  • Édition et présentation des Chronique de la Fronde, Mémoires de Mme de Motteville, Mercure de France, « Le temps retrouvé », 2003.

Résumé de la conférence de Jean-Michel Delacomptée

1660 Naissance du roman moderne

A partir de la fin des années 1650, la façon de lire et d'écrire des fictions a profondément changé. Il s’agit de ce qu’on appelle un changement de "paradigme culturel". Pareil changement se retrouve aujourd'hui avec les nouvelles technologies de l’informatique qui modifie les façons d’appréhender les textes. D’une certain manière, l’évolution des regards fait que le nouveau roman, par exemple, qui avait connu un grand succès il y a quarante ans, n'est presque plus lu à notre époque.
Deux romans de Mme de la Fayette : "La Princesse de Montpensier" (1660) et surtout "La Princesse de Clèves» (1678),  marquent ce basculement dans un nouveau paysage intellectuel, culturel, politique, voire social avec l’apparition d’un public plus large.
Ce basculement s'opère dans un contexte historique précis : celui de l'accès au pouvoir personnel de Louis XIV en 1661, qui, avec la monarchie absolue, marque un extrême effort de centralisation, le développement d’académies, et plus que tout, un rapport neuf avec le sentiment national, lequel incite à renouveler le rapport à l’histoire de France.  C’est ce qu’on remarque notamment avec la nouvelle vogue des mémorialistes (le cardinal de Retz, le duc de La Rochefoucauld, Mme de Motteville, la Grande Mademoiselle, notamment).
On se détourne alors des romans pastoraux et précieux, ces pures fictions de nature mythique qui se déroulent en des temps reculés.

  • "L'Astrée" d'Honoré d'Urfé
  • "Le grand Cyrus" de Madeleine de Scudéry
  • "Clélie, histoire romaine" de Madeleine de Scudéry

Les intrigues se situent désormais dans un contexte historique connu et récent. Ainsi La Princesse de Clèves met en scène la cour d'Henri II. Les personnages des fictions sont des personnages connus, que l'on peut se représenter. Notons que, de ce fait, le roman moderne se donne d'emblée comme un roman historique, caractérisé par l'importance de la proximité temporelle et géographique.
Les principales notions qui fondent le roman moderne sont les suivantes :

  • Le vraisemblable
  • Le naturel
  • La simplicité (à distinguer du simplisme) (référence à Bossuet qui disait qu'il fallait être simple pour faire comprendre des idées profondes et essentielles)

Le classicisme tend à cette simplicité, à cette rigueur, à cette économie du texte pour aller à l'essentiel.
Dans ses préfaces d’Andromaque,  de Britannicus, et de Bérénice, Racine souligne l’importance du vraisemblable dans la tragédie.
Il faut souligner par ailleurs combien La Princesse de Clèves, roman d'analyse, se fonde sur l'intériorité des personnages centraux, l’analyse de soi  se combinant à ce qu’on peut appeler « la naissance de l’individu », dont les Essais de Montaigne posent  un jalon essentiel.
Le roman moderne introduit d’autres changements : au primat de la bienséance succède celui la vraisemblance, au primat du merveilleux celui du naturel, au primat de l'extraordinaire celui de l'ordinaire et du bon sens, au primat du désordre celui de  la simplicité, qui comprend rigueur et principe d'unité.
L'évolution du roman se comprend également grâce à l'invention de l'imprimerie et au développement de la presse, qui touche un public plus large, lien entre la presse et la littérature que décrira en profondeur Les illusions perdues de Balzac).
Ainsi la scène cruciale de l’aveu dans La Princesse de Clèves a-t-elle fait l’objet, dans la gazette Le Mercure Galant récemment créée, d’une enquête sur sa vraisemblance.   
Cette question de l'aveu est emblématique d'un rapport à soi-même et à l'autre. L'aveu n'est pas la confession. Il dit son rapport à la vérité sur soi, à la vérité que l'on doit à l'autre (en l'occurrence à son mari). Se dégage alors une certaine conception du mariage, qui devient de plus en plus un mariage d'amour.
Reste la question de savoir pourquoi le roman de Mme de Lafayette nous touche encore. Parmi les réponses possibles, on peut dire qu’il s’agit d’un « fait culturel majeur », qui traduit dans l’ordre romanesque la réalité du changement culturel, politique, social, économique intervenu en France dès la fin des années 1650, et concrétisé par l’exercice louis-quatorzien  de la monarchie absolue.Agnès Lion

(texte lu,corrigé et complété par Jean-Michel Delacomptée)

 

 

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