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Valérie Igounet le 12 mai 2016 "Le négationnisme"
Présentation de Valérie Igounet : Valérie Igounet, historienne, chercheuse à l'Institut Historique du Temps Présent (rattaché au CNRS). Spécialiste de l'extrême droite et du négationnisme, elle est l'auteur de 3 livres :
Et co-réalisatrice en 2014 avec Michael Prazan d'un documentaire remarquable sur "les faussaires de l'histoire" Quand on interroge les témoins de la Shoah sur les raisons de leur prise de parole, bien souvent ils répondent que ce sont les propos négationnistes qui leur ont fait prendre conscience de la nécessité de témoigner. Ainsi Magda Lafon (dans l'émission du 24 janvier 2016 des "Racines du ciel"sur France Culture) raconte combien fut déterminante la lecture de la phrase de Darquier de Pellepoix dans l'Express de 1978 "A Auschwitz on n'a gazé que des poux". A l’heure où fleurissent les rumeurs sur Internet, à l’heure où les thèses complotistes continuent de fasciner (et en particulier les jeunes) s’interroger sur le négationnisme nous a semblé important.
Rapport BACHA Sarah 18/05/16
Le Négationnisme en France Le négationnisme né en France au début de la Guerre Froide. Porté par Maurice Bardèche et Paul Rassinier, le mouvement connaît une expansion durant les années 70-80 grâce à Robert Faurisson. Les négationnistes s'entendent à dire que les chambres à gaz n'ont pas servis à exterminer les juifs et que le génocide juifs n'est qu'une invention pour justifier la création de l’État d'Israël en 1948. Un convergence de point de vue et de partis radicalement opposés (extrême droite/ ultra-gauche) s'associent autour de cette idée. Qu'est ce que le négationnisme et comment se développe-t-il en France ? En 1950, les principaux chefs néonazis se rencontrent. L'extrême droite s'empare alors du concept de « nation Europe »que les partisans voient menacée par le communisme. Pour espérer gagner de l'audience, le parti entreprend de réécrire l'Histoire de la seconde guerre mondiale en minimisant les crimes nazis et en dénonçant les Alliés. L'année suivante voit la naissance de la revue Défense de l'Occident fondée par Maurice Bardèche. Dans cette revue, diverses auteur exposent ce qu'ils considèrent comme le « mystère » puis le « mythe » des chambres à gaz. Dans les années 70, le mouvement connaît un renouveau en la figure de Robert Faurisson. Maître de conférence en littérature, il se fait remarquer en attaquant les écrits de Rimbaud ou de Nerval dans ce qu'il considère comme une entreprise de « démythification » des œuvres littéraires. Il se présente comme le disciple de Rassinier. En 1978, il inonde les journaux d'un texte polycopié révisionniste qui radicalise ce que Rassinier n'avait jusque là qu'esquisser. Faurisson inscrit la question des chambres à gaz au cœur de son propos : il affirme avoir des preuve scientifique pour prouver leur inexistence et se rend à Auschwitz pour dépouiller les archives et apporter une preuve supplémentaire à son propos. Depuis cette affaire, les efforts négationnistes pour se faire entendre et connaître s’observent lors d'opérations médiatiques préparées selon une double stratégie : légitimation et scandale. En 1996, Aaargh, (Association des anciens amateurs de récits de guerre et d'holocauste) apparaît. Il s'agit d'un site pour servir la propagande négationniste. Durant les années 80-90 plusieurs personnalités se revendique négationniste telles que Serge Thion, chercheur au C.N.R.S ou encore Bernard Notin, maître de conférences en sciences économiques à Lyon-II. Ils tiennent des propos négationnistes dans leurs ouvrages. Le Front National avec Jean-Marie Le Pen se fait remarquer sur le terrain médiatique avec la diffusion de plusieurs thèmes négationnistes. Interrogé en 1987 sur ce qu'il pense des théories « révisionnistes », Jean-Marie Le Pen affirme que les chambres à gaz sont « un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». En 1996, un autre scandale éclate, celui du soutient du livre de Roger Garaudy intitulé Les Mythes fondateurs de la politique israélienne par l’abée Pierre. Ce dernier apporte « au nom de l’amitié » son soutien au collage antisémite qu'est cet ouvrage. Enfin, Dieudonné M'Bala M'Bala, en faisant monter Robert Faurisson sur la scène du Zénith de Paris afin qu'il reçoive un prix de la part d'un comédien déguisé en déporte juifs le 26 décembre 2008 choque l'opinion publique et relance le débat négationniste. Grâce à l'explosion d'Internet et des moyens de communication le mouvement négationniste se répand dans le monde. Aujourd'hui condamné en France, en Suisse en Belgique et en Allemagne, le mouvement reste impuni en Grande-Bretagne. En reniant le fait le plus marquant de l'histoire du XXème siècle, le négationnisme pose la question de la relation ambiguë que peuvent avoir l'histoire et la mémoire.
L'Histoire se définit comme l’enchaînement des événements dans le temps. Personne ne peut en avoir la connaissance complète au sens où il est impossible de savoir tout ce qui s'est passé ou se passe dans le monde. L'Histoire en tant que discipline s'appuie sur des connaissance des événements plus ou moins subjectives car il y a toujours une part d’interprétation de la part de l'historien mais les connaissances de l'Histoire reposent sur des sources très larges (documents, témoignage, sites archéologiques...) sur lesquelles sont adaptées des démarches historiques qui nécessite l'application d'un protocole afin d'analyser la source avec méthode. La mémoire, quant à elle, résulte d'un souvenir des événements, basé en petite partie sur l'Histoire et en majorité sur des événements contemporains. Par exemple, les films, en reprenant des événements historiques, nous donnent une image qui nous parait concrète de faits passés. Ainsi, l'image que nous gardons du film est l'image que nous associeront à l'événement relaté dans ce film. La mémoire émotionnelle est ainsi mise à contribution car le long métrage nous transmet des émotions qui aident à graver les images dans notre tête.
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