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Mise à jour en février 2015

Présentation du CDI

 

 

Venue de Frédéric Encel

le 4 février 2015

 

La géopolitique du "printemps arabe"

Présentation

Frédéric Encel est géopolitologue, spécialiste du proche et du Moyen Orient. Il est docteur en géopolitique à l’Université de Paris VIII, directeur de recherche à l’Institut Français de Géopolitique.
Il enseigne également les relations internationales à Science po et à l’ESG Management School.
Frédéric Encel collabore à la revue "Hérodote" (dirigée par son maître Yves Lacoste) tout en étant lui même l’auteur de nombreux livres :

  • Géopolitique de Jérusalem, Flammarion, 1998 (nouvelle éd. revue et augmentée, 2008).
  • Le Moyen-Orient entre guerre et paix. Une Géopolitique du Golan, Flammarion, 1999.
  • L’Art de la guerre par l’exemple, Flammarion, 2000.
  • Géopolitique de l’Apocalypse. La démocratie à l’épreuve de l’islamisme, Flammarion, 2002.
  • La Grande alliance. De la Tchétchénie à l’Irak, un nouvel ordre mondial (avec Olivier Guez), Flammarion, 2003.
  • Géopolitique d’Israël. Dictionnaire pour sortir des fantasmes (avec François Thual), Seuil, 2004. (nouvelle éd. en poche Points-Seuil, 2011).
  • Comprendre le Proche-Orient. Une nécessité pour la République (codirigé avec Eric Keslassy), Bréal, 2005.
  • Géopolitique du sionisme, Armand Colin, 2006. (nouvelle éd. revue et augmentée, 2009).
  • Atlas géopolitique d'Israël. Aspects d'une démocratie en guerre, Autrement, 2008 (nouvelle éd. revue et augmentée, 2015).
  • Horizons géopolitiques, Seuil, 2009
  • Comprendre la géopolitique, Seuil, 2011.
  • Perspectives énergétiques (dir. collectif), Ellipses, 2013.
  • De quelques idées reçues sur le monde contemporain. Précis de géopolitique à l'usage de tous. Autrement, 2013 (nouvelle éd. revue et augmentée, Champs-Flammarion, 2014).
  • Géopolitique du Printemps arabe, Presses universitaires de France, 2014

Dans "Horizons politiques" Frédéric Encel se présente comme "un géopolitologue de profession et un humaniste de conviction".

Sa conférence cette année porte sur "la géopolitique du printemps arabe".

L'éclairage de Frédéric Encel est nécessaire pour expliquer les révolutions arabes dont on a fêté en janvier le 4e anniversaire.
Le bilan de ce processus est en effet contrasté (à l'image des deux pays piliers, premiers foyers de la révolution : la Tunisie qui a adopté en janvier 2014 une nouvelle constitution fondement d'une démocratie islamiste et l'Egypte dont la situation est beaucoup plus chaotique, écartelée entre le régime autoritaire du général Al-Sissi et les Frères Musulmans élus en 2012 puis évincés du pouvoir) . Peut-on parler alors "d'hiver islamiste"(expression répandue dans les médias) pour évoquer l'espoir déçu d'une démocratisation des régimes arabes? Car si "le printemps arabe" a incarné l’aspiration des peuples à la liberté et à la démocratie, il a également révélé la force des mouvements conservateurs et tradionnalistes. Plusieurs questions se posent face à la montée de l'islamisme politique : Quel devenir pour ces révolutions arabes qui souhaitent la démocratie tout en conservant une fidélité à l'Islam? Quelle peut être dans ce contexte l’articulation du religieux et du politique ?(A.Lion)

Compte rendu de la conférence de Frédéric Encel

I Principaux critères du "printemps arabe"

  • En mars 1945 est créée la Ligue arabe regroupant 23 états, dont la caractéristique essentielle est la langue arabe (le critère religieux n'est pas retenu pour en être membre .) Au niveau culturel et linguistique on trouve donc une certaine cohérence mais non au niveau géopolitique.

A l'instar du "printemps" de 1848 qui a touché les sociétés européennes , "le printemps arabe" a concerné exclusivement les sociétés arabes.

  • Le moteur essentiel de ces révolutions fut le moteur social.

Malgré la perte d'illusions (on a parlé "d'hiver arabe"), il faut conserver espoir. Le cheminement de la démocratie est toujours long et difficile. On peut ainsi se référer à l'exemple français et à celui de de la Révolution française (après 1789, la terreur de 1793, puis Bonaparte). Il a fallu donc attendre presque un siècle avant que la démocratie ne s'impose durablement en France. La conclusion qui s'impose est qu'il faut laisser du temps aux révolutions arabes.

  • Mais si le moteur est surtout social , il est aussi politique (le slogan crié lors des manifestations fut entre autres "dignité"). Le peuple arabe qui se révolte, constitué pour beaucoup d'étudiants et de femmes, s'oppose aux dictatures qui avaient confisqué le pouvoir depuis longtemps et à la corruption des régimes en place (Libye, Egypte, Tunisie) .
  • Arrivée des islamistes. Exemple : L'Egypte avec les Frères Musulmans. Ces derniers ont joué des faiblesses de l'Etat (en oeuvrant dans le social) et bénéficié d'une virginité politique. Mais un an après leur arrivée au pouvoir (65% des suffrages exprimés en 2012) , ils en sont chassés à l'été 2013.
  • Le "printemps arabe" n'a aucun rapport avec le conflit israélo-arabe. Pas de slogan contre Israël lors du" printemps arabe".
  • Le bilan est considérable et en même temps limité car seuls 4 régimes anciennement établis sont tombés sur 23 (Tunisie, Egypte, Yemen et Libye).

Le point noir absolu est la Syrie. Ce conflit a entraîné 200 000 morts (dont la moitié de civils) et des millions de déracinés. Entre " Daech" et Assad , il faut en fait choisir entre la peste et le choléra

II Complexité de la situation

  • Guerre civile intra musulmane. Les déchirures internes sont très graves entre chiites (en grande majorité en Iran) et sunnites (90% des musulmans) .

On assiste actuellement dans ce conflit à une instrumentalisation du religieux au profit du politique (exemple : Le conflit entre Iran et Arabie Saoudite s'inscrit dans une concurrence politique et théologique) (en Irak, les djihadistes font la guerre aux chiites dans une logique de purification)

  • Autre déchirure : entre Nationalisme (Egypte, Algérie, Syrie..) et Islamisme (qui impose par la force l'Islam et une lecture très rigoriste , littérale du Coran).

Dans le courant islamiste existent les salafistes ( qui souhaitent un retour au 7e siècle) dans lesquels on distingue les piétistes et les djihadistes (ou takfiristes). Le véritable sens du Djihad est l'effort exercé sur soi même pour être meilleur musulman . Sa traduction dans la société implique chez les islamistes une dérive c'est-à-dire le passage à l'acte, à la violence contre l'Autre désigné comme la figure du Mal.

Il existe une menace de l'islamisme, de la montée de la radicalisation au sein du monde musulman (cf. la maladie de l'islam d'Abdelwahab Meddeb , Seuil , 2005 ). Cette radicalisation relève d'une interprétation des textes (interpétation qui fait dire que l'Islam est ce qu'en font les musulmans, le Christianisme les chrétiens, le Judaïsme les juifs).

  • Volonté de transgression dans cette quête identitaire qui est engendrée par une réelle souffrance. La fascination pour la violence extrême ( marque d'une liberté absolue) est importante pour comprendre ce phénomène. Le romantisme révolutionnaire remplace un vide identitaire (romantisme qui existait également chez les nazis) . La scénographie permanente est utilisée dans cette recherche esthétisante au pouvoir très attractif.

Dans ce contexte de tensions et de dangers, notre système de valeurs doit être défendu car la démocratie est fragile, menacée. Il faut militer pour la laïcité. L'Etat républicain français, malgré ses imperfections, assure les droits fondamentaux, la liberté des citoyens, l'égalité entre les sexes, la protection sociale.

"Le conflit des civilisations" n'existe pas mais on peut parler de conflit de valeurs. L'obscurantisme est une menace actuelle grave contre nos démocraties or on peut regretter que le fanatisme s'appuie en France sur une certaine complaisance au sujet du relativisme culturel (indulgence et  compréhension à l'égard de pratiques barbares).Or "Si toutes les valeurs se valent alors le cannibalisme est une affaire de goût" Lévi-Strauss


 

 

 

 

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