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Mise à jour en avril 2010

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Visite de Jean Rouaud le 16 mars 2010

 

Présentation de Jean Rouaud

Jean Rouaud est né en 1952 dans la Loire–Inférieure ( actuellement Loire Atlantique), à Campbon, entre Nantes et St Nazaire.
Titulaire d’une maîtrise de lettres , il exerce différents métiers dont chroniqueur au journal « Presse Océan » et  kiosquier  dans le 19e arrondissement à Paris.
 
Son premier livre,  « les champs d’honneur » , connaît un succès immédiat. Il reçoit le prix Goncourt en 1990.
Il est le 1er volet d’une série consacrée à sa famille où se mêlent  fiction  et autobiographie. Cette série de livres ressuscitera, comme il le dit lui-même, ses « familiers illustres » :

  1. Ses grands-parents, sa grande tante Marie et son grand oncle Joseph, dans les « Champs d’honneur ».
  2. Son père, figure centrale, charismatique , épris de culture et résistant pendant la seconde guerre dans « Les hommes illustres ». Ce père qui mourra le lendemain de Noël 1963  et dont le chagrin de  sa mort deviendra  la principale motivation d'écrire de Jean Rouaud (Michel Castaing).
  3. Sa mère dont il héritera, le goût des choses bien faites , avec ce soin apporté au détail (« la désincarnation ») dans « Pour vos cadeaux »
  4. Le « Monde à peu près » revient sur son parcours d‘écolier dans un internat  et d’étudiant dans la mouvance 68. Il  y évoque, souvent avec humour, ses débuts  d’écrivain et de musicien . Il y révèle également sa myopie, essentielle car déterminante dans sa manière de voir et  de comprendre le monde. Essentielle car elle l’oblige à écrire pour voir (cf.extrait de l'INA)et parce qu’elle traduit sa relation au monde. Un monde qui a perdu de sa netteté depuis la mort du père comme le dit Jean Rouaud à plusieurs reprises (TDC : depuis la disparition du père, « je ne vois le monde qu’à peu près »).
  5. « Sur la scène comme au ciel » achève le cycle

Il rédige en tout une vingtaine de livres  et change d’éditeur en 2001 en choisissant Gallimard.
Même si le roman reste sa ligne de force, ses modes d’écritures se diversifie ( essais,  littérature jeunesse,  théâtre,  chanson (Il a enregistré un disque et écrit entre autres pour Juliette Gréco, Johnny Hallyday, ..), scénarios de  BD avec Denis Deprez  et de téléfilm.

Son œuvre pleine de tendresse et d’humour, est habitée par la mort ( « le réel du réel » et par la question des origines .
Ecrire, dit-il, lui permet de connaître le monde, d’être au monde .
C’est pour lui un acte nécessaire (« on écrit pour voir » dit-il lors d’un entretien diffusé par l’INA). "La poésie  donne à voir des choses que  tu ne vois pas"  (entretien sur le site "Kinoks")

1ere question possible d'ouverture : Cette nécessité provient -elle d'un besoin de témoigner ou de raconter simplement des histoires ?

Agnès Lion

 

Compte rendu de la séance :


A la question posée par Patrice Bazin : pourquoi cette nécessité d'écrire? Jean Rouaud  répond , comme Beckett ,   parce qu'il n'est "bon qu'à ça".
Ecrire selon lui est avant tout un mode de reconnaissance, qui passe d’abord par le choix d'une maison d'édition renommée (exemple : les éditions de Minuit, exclusivement littéraires) .


Question essentielle qui se pose dans l’écriture : comment faire rentrer le réel dans l'écriture ?

Première tendance dans l’écriture, le choix d’une surréalité (par le langage poétique) . Exemples avec Baudelaire, Mallarmé et Rimbaud.
Pour Rimbaud, la transfiguration poétique provient d'un dérèglement de tous les sens, d'une dérive par rapport au réel. S'ensuit une phase de silence poétique qui correspond à une volonté de Rimbaud d'assumer le réel, de s'ancrer dans la réalité, « du désir furieux d'être au monde ».
Pour résumer :

  1. La première relation à l'écrit est souvent une approche adolescente à travers la poésie.
  2.  La seconde approche est celle qui va privilégier l'art de raconter le monde par le roman.  Apprendre à dire les choses,  s'appliquer à dire le réel (exemples : Jack Kerouac, Henry Miller).

Exemple illustrant cette double aspiration (lyrisme , réalisme) dans  l’expérience de Flaubert, épris  au début de poésie, sûr de son talent,  aspirant à la reconnaissance littéraire , lisant pendant 4 jours durant, son manuscrit de la « tentation de St Antoine » à ses amis et dont la sentence cruelle brisera son ambition première.

Note :  Au 19e siècle, les écrivains auront à rendre compte des premiers éléments de la modernité (téléphone et automobile avec Proust par exemple ). Ce sera une de leurs difficultés.

Conclusion
L'écriture se situe essentiellement dans la tension entre une force centripète et centrifuge. Son enjeu est de faire tenir, dans un même mouvement, le lyrisme et le réalisme.
Il faut s'efforcer d’ écrire comme Balzac mais que devient alors la poésie?

 

Questions d' élèves :

  1. 1ere question d'élève : d'où vient votre inspiration ?
    Réponse : De n'importe quoi . Exemples : la pluie ou la 2cv dans "les champs d'honneur" . Il faut toujours partir du local. Puis inscription dans un destin qui nous dépasse (exemple la 1ere guerre mondiale) .Chaque individu est porteur de l'histoire du monde. C'est ensuite une question de ton et de point de vue.

 

  1. 2eme question : position du narrateur?
    Réponse : Incapacité dans un premier temps de dire "je" . Emploi du "nous" collectif au départ. Progressivement, par l'écriture, affirmation du "je" (cf."Le monde à peu près" )


 

 

 

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